Pour notre premier spectacle sous chapiteau, nous avons choisi de nous emparer des contes de fées.
En utilisant leurs personnages, leurs archétypes, leurs histoires, nous bénéficions d’une manne de situations concrètes, faciles et rapides à comprendre pour le spectateur. Nous épuisons la superficialité de ce « monde merveilleux », pour faire apparaître des acteurs, des contemporains, vivants, présents, ridicules eux-aussi.
Les acrobates et musiciens de Forever, happily… ne croient plus au Petit Chaperon Rouge qu’ils sont venus jouer. Ils s’emparent d’autres figures et révèlent leur propre histoire, leur propre conte. Celui où les rapports humains sont complexes, où il est difficile de mêler les différences, où les clichés ont la peau dure, où les femmes tentent de rompre avec la place très précise qui leur est réservée et où les hommes cherchent la leur.
Telle une réaction en chaîne, logique et foutraque à la fois, les évocations se succèdent.
De contrepieds en travestissements, un masque de loup suffit à terroriser son partenaire, la passivité d’une Princesse endormie est un jeu pour garçons, des mères-grands sont les harpies de jeunes loups.
Pour servir ce conte, une musique éclectique, funèbre ou funky, et un chanteur-acrobate hypnotique ; des acrobates et musiciens polyvalents qui circulent d’un agrès à l’autre, mêlent leurs disciplines en créant des hybrides acrobatiques ; des costumes de soie ou de plastique ; une scénographie dépouillée où la ferraille des cadres aérien et coréen sert de grandioses portes de châteaux ; un plateau sobre et nu aux trappes magiques.
Il s’agit d’offrir aux spectateurs un espace plein et fourmillant, à l’image des contes abondants de personnages secondaires, de lieux multipliés. Mais aussi de jouer tant avec la fable, avec l’artifice du spectacle, avec la magie des contes merveilleux, qu’avec la réalité des acteurs en représentation et les corps des artistes de cirque. Des étoiles et de la sueur.
Le cirque !